Accueil Chroniques Coldrain : Quand mélodie et puissance se conjuguent à l’unisson.

Coldrain : Quand mélodie et puissance se conjuguent à l’unisson.

Par Sébastien Hervé
Coldrain

Coldrain est-il un groupe de J-Rock? Un groupe de J-Métal? C’est la question qu’on pourrait se poser aujourd’hui en écoutant les natifs de Nagoya. Le groupe mené de main de maître par son chanteur Masato David Hayakawa, aime brouiller les pistes. Depuis toujours, la fine équipe qui l’entoure est composée de RxyxO (Basse), Katsuma (Batterie), Sugi (Guitare, chœurs), et Ryo Yokochi aka Y.K.C (guitare). On ne peut pas dire qu’on peut leur reprocher une certaine linéarité dans la musique qu’ils nous proposent.

Le groupe se forme en 2007, sur les fondations d’un intérêt commun pour les groupes de Métal occidental comme Sevendust, pour ne mentionner qu’eux. C’est le début d’une grande aventure. C’est dans le maxi single  » Fiction », sorti en 2008, qu’on ressent clairement l’influence du groupe précédemment cité. Après avoir conquis la scène locale un an plus tôt, cette ascension fulgurante leur ouvre les portes du Japon tout entier. La même année, c’est plus de trente dates à travers l’archipel qu’ils honoreront avec brio. Nous sommes désormais en 2009, et le quintet retourne en studio pour réaliser un autre single intitulé « 8AM ». Le titre phare de ce mini-album sera d’ailleurs utilisé pour l’anime » « Hajime no Ippo : New Challenger ». Nos acolytes continuent petit à petit leur montée en puissance. C’est désormais le festival Summersonic qui fait les yeux doux à Coldrain. Festival Rock-Métal Japonais par excellence, il incarne le premier grand pallier pour tout groupe voulant jouer dans la cour des grands. C’est à partir de ce moment que Coldrain nous pond sa première vraie galette intitulée « Final Destination ». On voit que les gars n’ont pas encore réussi à se détacher de leurs influences de base. Peut-être est-ce du au fait que Masato, possédant la double nationalité Américano-Japonaise (Pas sur les papiers officiels. Au Japon, on ne peut pas garder deux nationalités), nous amène automatiquement, de par sa voix et son absence d’accent, cette influence occidentale très marquée.

« Final Destination » : le titre phare de leur premier « véritable » album.

Nous sommes désormais en 2010. On pense que Coldrain va continuer de sortir ses maxi-singles. Un genre d’apéro musical dont les Japonais sont friands. Sauf que, cette fois ci, c’est un EP intitulé « nothing lasts forever » qui pointe le bout de son nez. Le succès est tel que deux chansons vont être utilisées pour des projets annexes. « Die Tomorrow » sera l’une des chansons de la bande originale du jeu « Pro evolution Soccer 2011 ». « We’re not alone » sera, quant-à-elle, jouée dans l’intro de l’anime « Rainbow : Nisha Rokubo no shichinin ». La même année, ils partent en tournée avec « Avengers in Sci-fi », « Mucc » et « Totalfat ».

« We’re not Alone » :  leur contribution à l’anime « Rainbow : Nisha Rokubou no shichinin ».

C’est à partir de ce moment qu’on commence à dénoter un changement de style chez Coldrain. Leur son un peu standardisé Rock Alternatif mélodique (La belle voix de Masato n’y est pas étrangère) commence à devenir plus dur, plus agressif. Les « Screams », relativement discrets dans les précédents albums, commencent à coloniser l’espace musical des Japonais.  En 2011, « The Enemy Inside », deuxième album du groupe, confirme cette tendance à se diriger vers un son beaucoup plus Métal. Cette tendance n’est encore pas assez notable pour être soulignée à cet instant.

« To be Alive » :  le single officiel de leur second opus.

C’est surtout en 2012, date à laquelle sortira un nouvel eponyme intitulé « through clarity », que le groupe va prendre un autre virage musical. Pourquoi un nouvel éponyme? Tout simplement car le succès des natifs de l’île d’Honshu a attiré David Bendeth, connu pour ses collaborations avec « Paramore », « All time low », ou encore,  » A Day to Remember ». On aurait pu pensé que Coldrain se pervertisse dans un  son aseptisé et générique. Pourtant, ce dernier garde sa marque de fabrique. Les sonorités sont sublimées, les mélodies encore plus enivrantes. On dénote également une présence encore plus importante de screams. Coldrain, qui manquait autrefois d’identité (c’est le seul reproche qu’on pouvait leur faire), se constitue un univers bien à lui, teinté de mélodie entraînantes et de screams qui pourraient presque faire de l’ombre aux groupes métal les plus « Hardcore ». De là à les placer dans ce genre musical, certainement pas! Métalcore, Post-Hardcore, Néo-Métal, Rock alternatif, Heavy-métal… toutes les étiquettes sont tour à tour utilisées pour définir les Nagoyiens (c’est un terme inventé, je sais…). Non seulement cette orientation plus Métal du groupe est perceptible à l’écoute, mais elle est clairement mise en valeur par le groupe. Celui-ci affirme que, là ou beaucoup de formations font baisser les décibels au fur et à mesure de leur progression, Coldrain va à rebrousse poil de cette tendance. En Novembre 2013, la sortie du premier vrai album international intitulé « The Revelation », confirme à nouveau que nos potes veulent gravir encore plus les marches qui les séparent du Métal pur. Mais c’est sans pour autant oublier l’aspect mélodique de ce qui constitue leur son. Les solos Heavy, qui n’étaient pourtant pas leur marque de fabrique, sont greffés petit à petit dans leur écosystème musical. La Chanson « The War is on », qui ouvre le bal, en est le parfait exemple. Entre temps, Coldrain continue de faire des tournées de plus en plus massives, comme la « Ozzfest » en mai.

« No Escape » : un son qui devient de plus en plus mature.

On pense que les cinq membres ont atteint le sommet. Pas du tout! La surenchère continue. Fort de son expérience avec David Bendeth, la « Douche Froide » (oui je francise, et alors ?) signe un contrat record avec « Raw Power Management », le label Britannique qui a collaboré avec des groupes comme « Bullet for My Valentine », « Crossfaith », « Bring me the Horizon » et « Of Mice and Men ».

En solidifiant sa notoriété, de nouvelles tournées à travers l’Europe et en Grande Bretagne sont proposées au groupe. Consciencieux, Ils n’oublient pas d’assurer le service après vente de leur fan-base en proposant une autre réédition de « Trough Clarity » en 2014, puis de  » The Revelation ». Ce dernier possède 6 nouvelles chansons dans sa version internationale. Ce curieux procédé coïncide avec la signature avec « Hopeless Records » cette année là. C’est la touche finale de l’évolution massive d’un groupe qui arrive à son apogée. C’est à ce moment là qu’on se demande si ils ne vont pas sombrer dans les abîmes du succès. C’est mal les connaître. Fidèles à leur son et à et leur pays d’origine, l’équipe se produit à la Lunatic fest. Avec des groupes fers de lance de l’industrie Métal/Visual kei japonaise comme « Dir en Grey » ou « X-japan », nos amis sont comme des poissons dans l’eau.

« The war is on » : une ascension fulgurante!

2015 voit également coldrain accoucher d’un nouveau bébé intitulé « Vena ». On les sent revenir à un peu plus de mélodie qu’auparavant. Cependant, cette baisse d’intensité est peu perceptible. Elle n’altère en rien la maturité de plus en plus grandissante qu’est entrain d’acquérir la formation. La collaboration avec Jacob Shadix dans la chanson « Runaway », montre encore à quel point Coldrain se fait une carte de visite de plus en plus garnie.

Avec « Runaway », Coldrain joue maintenant dans la cour des grands!

Nous sommes maintenant en 2016. Le groupe se produit dans le monde entier. Il enchaine les tournées aux USA et en Europe. Vena II, (la suite de Vena qui n’en est pas vraiment une) voit le jour. Quelques nouvelles chansons sont proposées aux fans du groupe : « Born to bleed », « Undertow »… ainsi qu’une nouvelle version de « Gone ».

Toutes ces péripéties nous ammènent désormais à l’année en cours. Pas de « Révélation », mais plutôt une consécration. L’album « Fateless » vient de faire son entrée dans les bacs depuis le 11 Octobre 2017. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est probablement l’album le plus abouti du groupe. Il reprend avec brio la recette qui a fait son succès. Cependant, on constate une ouverture musicale indéniable à d’autres genres du monde du Rock ou du Métal. Un côté plus Heavy avec des solos percutants, des ballades qui évitent le mielleux, des screams bien contrôlés, une mélodie qui ne tombe pas dans du screamo générique… le groupe sait désormais comment utiliser ses ingrédients personnels. Un peu comme le « Hunting Party » de Linkin Park en 2014, Coldrain se positionne comme un groupe à tout faire. Là où l’on reproche à certaines formations de s’enliser dans une surenchère de Pop, les Japonais sont malins : garder leur propre son, tout en s’aventurant dans tous les sous-genres possibles, sans perdre en intensité. La dernière galette reflète trait pour trait ce constat. Elle arrive comme une cerise sur la gâteau. Petite surprise, le titre « Uninvited », qui est une reprise d’une des chansons d’ Alanis Morisette refaite à leur sauce. Encore une fois, on brouille les pistes.

Inside Out : Mon coup de coeur de « Fateless ».

Coldrain est clairement installé dans le paysage Rock-Métal international. Sans faire de bruit, il a su se faire une place parmi les plus grands du genre. Bon, il y’a encore beaucoup à faire pour obtenir la notoriété d’un « Metallica ». Ce n’est pourtant pas le but recherché. Avancer tranquillement, en continuant sans cesse son petit bonhomme de chemin. Se remettre en question, sans basculer dans la perversité d’une Pop générique, trop reprochée aux groupes qui veulent se renouveler (n’est ce pas Linkin Park?). Voilà la recette ultime d’une équipe qui gagne. Le dernier album va dans se sens, en proposant une véritable aventure musicale, tout en gardant son identité très Rock’n’roll. On ne peut souhaiter qu’un futur radieux aux p’tits gars de Nagoya.

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